Les Chinois sont aussi fiers de leur Muraille que nous Français de notre Tour Eiffel. Plus de 6.200 Km de murs, 2.230 Km de barrières naturelles (montagnes et rivières), 360 Km de tranchées et des milliers de Km détruits ou enfouis en font le plus grand ouvrage terrestre avec près de 21.000 Km de longueur. Comme le disent François MICHEL et Yves LARVOR dans leur ouvrage sur la Grande Muraille, elle s’étire tel “un gigantesque dragon de pierre”.
Un travail plus colossal encore que les pyramides d'Égypte avec des hauteurs de mur entre 5 et 17 mètres suivant les reliefs, sur une largeur de 5 à 7 mètres. On lit parfois que c'est le seul ouvrage que l'on peut voir de la lune. Pour être plus précis, au dire de l'astronaute Leroy CHIAO, la Muraille est bien visible de la Station Spatiale Internationale mais avec des lunettes !
Cet édifice magistral a vu le jour dès le VIIème siècle avant JC. C'est surtout sous l'impulsion du fameux Empereur QIN Shihuangdi, fondateur de la dynastie QIN (221 - 207 av. JC) qu'elle s'est étendue pour s'achever à la fin de la dynastie MING en 1644, lorsque les Mandchous ont envahi la Chine et fondé la dynastie Qing (qui s'achève avec Pu Yi - Cf. Le Dernier Empereur).
L'objectif de cette Muraille multimillénaire, qui s'étend de la côte au nord de Pékin jusqu'au désert de Gobi, était de protéger la Chine des invasions mongoles et mandchoues. Les 25.000 tours de guet, espacées de 75 mètres (l'équivalent de 2 tirs à l'arc) servaient de "tours à fumée" le jour et de "tours de feux de signalement" la nuit. Dès qu'un envahisseur se présentait, le garde de la tour faisait un feu et le signal se propageait de tour en tour jusqu'à déclencher l'intervention de la cavalerie légère. La Muraille était aussi utilisée pour contrôler les échanges commerciaux et les migrations.
Pour suivre un relief de montagnes escarpées, de déserts arides et sablonneux, de plaines humides et de vallées profondes, les ingénieurs chinois ont redoublé d’idées. L’organisation logistique du transport des matériaux était à elle seule un grand défi. Pierres, briques et bois en tout genre étaient acheminés à dos d’hommes ou de mules quand ce n’était pas par des charrettes. Les ouvriers, qui ont dû s’adapter à des conditions climatiques très dures entre le grand froid des montagnes et la chaleur torride des déserts, étaient choisis parmi les soldats, les prisonniers ou les paysans.
Avant l’apparition de la brique, les premiers kilomètres de la Grand Muraille ont utilisé la terre disponible localement, le lœss. Ce matériau très poussiéreux était enserré entre deux planches de bois et tassé avec une "dame" jusqu'à devenir dur comme pierre. Le caractère chinois qui veut aujourd'hui dire le travail (工) tire son origine de cet instrument utilisé par près d'un million d'ouvriers qui sont allés jusqu'à se tuer à la tâche. Une étude récente indique que du riz gluant était ajouté au mortier pour le rendre encore plus résistant.
La construction de la grande muraille s'étant étalée sur de nombreux siècles, certaines sections à visiter sont plus récentes et d'autres plus anciennes. Les différentes sections présentent donc différents niveaux de préservation mais aussi de restauration, de "sauvages" à complètement restaurées, certaines bien restaurées et d'autres où le béton, visible, gâche en partie l'expérience comme à Badaling(八达岭).
Les sections dites "sauvages", c'est-à-dire sans restauration, sont en général difficiles d'accès. Elles sont peu praticables et demandent d'escalader certaines parties qui présentent un niveau de danger plus important compte tenu de leur détérioration. Dans certains cas, elles peuvent faire l'objet d'une interdiction d'accès. Jiankou(箭口)est l'exemple le plus illustratif avec certaines parties nécessitant d'être escaladées.
Gubeikou(古北口), à côté de Jinshanling(金山岭), est à proximité du village du même nom mais les chemins d'accès nécessitent en général un guide ou un local expérimenté pour accéder à la Muraille. C'est néanmoins la section la plus appréciée des aventuriers. Certaines agences proposent des visites de cette section sur un ou plusieurs jours (avec camping sur la Muraille ou chez l'habitant dans des villages environnants).
La grande muraille, comme Pékin et le nord de la Chine en général, se visite surtout pendant les courtes saisons du printemps et de l'automne car les hivers y sont très froids et les étés très chauds. Les mois d'Avril-Mai et de Septembre-Octobre permettent des températures idéales mais il est conseillé d'éviter les périodes de forte affluence pendant les vacances chinoises : la première semaine de mai pour la fête du travail et la Fête de la Mi-Automne (中秋节) en Octobre. L'automne est la saison idéale car les températures rendent la marche plus confortable et les arbres des forêts qui entourent la Grande Muraille se parent de couleurs allant du jaune au rouge flamboyant.
À noter qu'il existe des groupes de randonnée, comme Beijing Hikers, composés de locaux et d'étrangers vivants à Pékin et proposant des excursions sur une journée, en général le week-end, qui s'occupent contre quelques centaines de yuans, de louer un minibus et de sélectionner un itinéraire.
Concernant les hébergements, la plupart des visiteurs restent sur Pékin et organisent l'excursion sur une journée car les sections autour de Pékin sont toutes à 2-3h de route. Il est tout de même possible de trouver des hébergements mais ceux-ci sont souvent cantonnés aux sections les plus connues (Badaling, Mutianyu voire Jinshanling). Il est également possible de trouver des hébergements chez l'habitant pour des expériences plus authentiques mais l'immense majorité préfère tout de même rester à Pékin avec ses nombreux restaurants et hôtels.
Bien plus qu'un vestige, cet héritage qui accueille plus de 10 millions de visiteurs par an est devenu le symbole de l’identité chinoise, de sa persévérance et de sa résilience. Inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1987, il menace d'éboulement à de nombreux endroits (surtout à ceux faits au début avec de la terre tassée) et nécessite un entretien constant pour résister aux conditions climatiques et à l'afflux des touristes. La plupart des sections sont accessibles depuis Pékin mais quelques sections sont également intéressantes comme Laolongtou(老龙头) où la muraille se jette dans la mer de Bohai.
Cet ouvrage multimillénaire a inspiré des centaines d'auteurs, de peintres, de réalisateurs et est montré en exemple à tous les écoliers chinois. De nombreux ouvrages français en retracent l’histoire et l’analyse sous tous les angles.
Parmi les plus connus:
"La Grande Muraille de Chine est un monument de l'endurance humaine, un témoignage de la patience et de la persévérance d'une civilisation qui a osé défier le temps et la nature elle-même." (William Edgar Geil)